
Assassin's Creed Shadows : Nous avons longuement parcouru le Kansai de la fin du 16e siècle avec Naoe et Yasuke. Une aventure qui nous en a mis plein la vue, mais pas seulement.
De l'ombre naissent deux lumières
Que vous soyez un fan aguerri de la licence, un simple amateur d’Action-RPG attiré par le Japon, un joueur plus intéressé par la narration que les combats ou un explorateur dans l’âme, Assassin’s Creed Shadows a forcément de quoi vous plaire à différents degrés, comme nous allons le voir. Toutefois, si vous espériez découvrir de nouveaux artefacts d’Eden et temples isus, ou affronter des créatures mythologiques du folklore japonais, soyez prévenus qu’il n’y a vraiment rien de tout cela, sauf secrets extrêmement bien cachés que nous n’aurions pas encore découverts et n’ayant donc aucun impact sur l’intrigue. Et jusqu’à preuve du contraire, les évènements du jeu iOS AC Memories (fermé en 2015) ne font plus partie du canon. Sans l’ombre d’un doute, Shadows est l’épisode le plus terre à terre de la licence ! Certains boss et ennemis ont bien la capacité de se téléporter dans un nuage de fumée, tandis qu’un mystérieux personnage secondaire a la fâcheuse habitude d’apparaître et disparaître au point de nous avoir fait questionner son existence lors des quêtes à Yamato, mais ce n’est vraiment rien par rapport à ce dont nous avons l’habitude. Un mystérieux mécanisme « musical » nous a bien fait lever un sourcil songeur, mais après tout pourquoi pas. Est-ce décevant ? Du tout, car cela donne lieu à un récit assez unique, bien qu’il résonne avec de précédents épisodes, notamment Assassin’s Creed II.
Shadows est l’épisode le plus terre à terre de la licence !
Au-delà du thème éculé de la vengeance représenté sous divers angles, le jeu pousse son casting vers la voie du pardon et de la rédemption. C’est un véritable tourbillon de sentiments et convictions qui s’entremêlent dans ce Japon de la période Azuchi Momoyama meurtri par les luttes intestines qui le déchirent. Mais plus que tout, nos deux héros sont mus par un idéal de justice et le sens du devoir, servant de lame à ceux ne pouvant se défendre. Et en parlant d’eux, l’aventure s’ouvre donc en 1581, le 8 mars pour être précis, puisque cet épisode donne quelques indications temporelles pour ses sections les plus linéaires, comme à l’époque. C’est donc avec Yasuke, ou plutôt Diogo comme il est nommé au départ, que s’ouvre le récit, apportant une certaine vision sur l’extérieure dans ce territoire autarcique convoité par les Portugais, qualifiés de Nanban. Après qu'il soit devenu samouraï auprès d’Oda Nobunaga, qui a détecté son potentiel, nous avons rapidement droit à une plongée dans la Seconde guerre Iga de Tenshō à ses commandes en guise de tutoriel. Pour autant, les joueurs désirant s’amuser avec lui devront ensuite ronger leur frein, puisque c’est bel et bien Naoe qui devient pendant un moment l’unique moteur de l’histoire. D’ailleurs, elle le reste tout de même après, sauf lorsque cela touche de près la cour d’Oda et certains sujets purement personnels de notre grand gaillard. À la suite des évènements tragiques du prologue, elle se met en quête des Onryō, membres en majorité masqués du Shinbakufu. Il nous aura fallu un peu plus de 20 heures avant que les routes de la shinobi et de Yasuke ne se croisent réellement, et qu’il soit définitivement jouable, devenant alliés par la force du destin et d’une manière assez touchante il faut bien l’avouer, bien que le véritable déclencheur de cet évènement ne puisse être totalement compris qu’à la fin de l’aventure.
En effet, Assassin’s Creed Shadows use des flashbacks à son avantage pour progressivement démêler sa trame auprès du joueur, mais aussi de ses protagonistes. Oui, les Assassins (Kakushiba-ikki) et Templiers font partie de cette équation, mais pas nécessairement comme nous l’espérions, la situation unique de l’Archipel n’y étant pas étrangère. En dire plus serait spoiler, mais sachez que les histoires personnelles de Naoe et Yasuke croisent celles des deux groupes de manière satisfaisante, surtout pour ce dernier. Croyez-nous, la fin de sa quête ne devrait pas vous laisser indifférent. Concernant Naoe, l’ouverture qui est proposée pourrait clairement donner lieu à une suite (dans le futur DLC ?). De notre point de vue, le contraire serait dommage tant le potentiel est là et nous aimerions voir comment elle va évoluer. Au passage, ne vous enflammez pas trop au sujet du contenu de la mystérieuse boîte introduite assez tôt dans l’intrigue, au risque d’être déçu. Cet outil narratif est certes intéressant à plus d’un titre, mais pas de la manière traditionnelle et prévisible des précédents MacGuffin.
Pour en revenir à ces retours en arrière, ils prennent plusieurs formes. Ceux de Naoe sont optionnels dans un premier temps via des kuji-kiri, remontant en 1579 et nous montrant notamment la formation de shinobi qu’elle a reçu de son père, le légendaire Fujibayashi Nagato. Ce n’est peut-être qu’une impression, mais au-delà d’expliquer ses prouesses physiques et raccrocher les wagons avec le prologue, nous avons ressenti qu’il s’agissait justement de morceaux déplacés, à l’origine pensés pour être vécus de façon linéaire. Les tutoriels introduisant son équipement comme le grappin n’ont en effet que peu de sens après en avoir fait l’usage pendant plusieurs heures. Ils n’en restent pas moins intéressants et plaisants. Du côté de Yasuke, impossible de passer à côté puisqu’ils sont naturellement inclus dans la trame principale, expliquant de quelle manière il est devenu ce fier samouraï imposant le respect. Le seul reproche que nous avons à ce sujet vient de la temporalité, car seulement six mois s’écoulent avant l’attaque d’Iga, ce qui nous semble trop peu pour devenir un guerrier aussi accompli, même pour de la fiction. D’autres évènements sont aussi couverts par ce type de narration vers la fin de l’aventure et il faut bien avouer que la manière d’amener une certaine révélation nous a surpris.
Lors de notre preview, nous avions mentionné que l’introduction est efficace et très cinématique. Elle donne clairement le ton pour le reste de l’intrigue principale, qui comporte son lot de grands moments cinématographiques et pas seulement du fait de l’utilisation d’un format Cinémascope ajoutant des bandes noires à l’écran. Notez que, hormis lors d’évènements passés, Naoe et Yasuke y apparaissent avec l’équipement que nous leur faisons porter, à l’exception du couvre-chef. Ce compromis est parfaitement compréhensible compte tenu des expressions faciales et certains gros plans sur les visages qui pourraient dans le cas contraire perdre de leur impact, les détails étant assez bluffants (nous voyons même leurs veines sur certains plans). De manière similaire et dans de rares cas, il peut y avoir une certaine dissonance visuelle entre les dégâts subis par un boss (perte de casque, armure brisée) lors de la phase de gameplay et son apparence durant la cutscene suivante au bénéfice de la narration. Un autre détail de mise en scène qui nous a fait tiquer se situe à la toute fin, alors qu’un personnage fait apparaître un objet comme par magie. C’est dommage, alors que ne pas montrer son dos juste avant aurait créé l’illusion. Ce n’est pas le seul cas pour des objets, mais clairement le plus flagrant. Dans le même ordre d’idée, une alliée blessée à la jambe, qu’il avait fallu porter, est repartie l’air de rien en conclusion d’une quête… Au-delà des scènes majeures, nombreux sont les dialogues à utiliser du simple champ-contrechamp, mais nous avons ressenti du mieux de ce côté. Toutefois, certaines interactions peuvent parfois sembler quelque peu robotiques et non naturelles, surtout lors de brefs échanges avec des PNJ en bord de route en incarnant Naoe. Quant aux transitions avec le gameplay à proprement parler, elles sont assez fluides, voire quasi inexistantes, dans de nombreux cas, mais de très courts écrans noirs de chargement sont tout de même présents avant les grosses cinématiques. Ces légers détails n’entravent cependant en rien le plaisir de jeu.
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Comment peut-on encenser un flop pareil. La toxicité positive, est dangereuse pour l'univers du jeu videal.