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Assassin's Creed Freedom Cry vignette 14 10 2025

RUMEUR sur Assassin's Creed Scarlet : un jeu qui aurait pu faire sécession annulé par Ubisoft, Yasuke et la politique en cause

par
Source: Stephen Totilo (Game File) et Tom Henderson (Insider Gaming)

Ubisoft aurait préféré jouer la carte de la sécurité plutôt que risque de faire polémique, privant les joueurs d'une bonne idée de jeu vidéo.

Une annulation fort décevante

Alors qu'Assassin's Creed Shadows a eu droit à son extension Traque sur Awaji en septembre et qu'Assassin's Creed Mirage va suivre avec le DLC Valley of Memory qui a récemment été présenté, c'est l'avenir de la licence qui fait parler sur la Toile depuis quelques jours... et pas en bien, malheureusement. En effet, la rumeur rapportée par Stephen Totilo via son site Game File (nous avons pu lire l'intégralité de l'article, qui est derrière un paywall) fait état de l'annulation de l'un des projets de jeux Assassin's Creed et pas n'importe lequel puisqu'il s'agissait du prochain d'Ubisoft Québec. Et cela ne date pas d'hier, puisqu'elle aurait eu lieu en juillet 2024 selon ses cinq sources, d'anciens et actuels employés de la société.

Le pitch présenté avait de quoi séduire, avec comme cadre historique la guerre de Sécession des États-Unis (1861-65) et surtout la période de la Reconstruction ayant suivi (1865-77), avec comme fait notable connu du grand public la mort d'Abraham Lincoln. Nous y aurions incarné un ancien esclave noir des États du Sud (les Dixie) parti vers l'ouest pour refaire sa vie, recruté par les Assassins et qui serait retourné dans le sud pour combattre au nom de la justice, ce qui l'aurait entre autres confronté à un groupe émergeant : le Ku Klux Klan. Parmi les thèmes prévus, le jeu aurait montré de quelle manière les tensions raciales peuvent être manipulées dans un but de contrôle de la société, un sujet clairement toujours d'actualité malheureusement.

Assassin's Creed 04 05 2025

La nouvelle a ensuite été corroborée par Tom Henderson sur Insider Gaming, qui a rajouté quelques détails, dont le fait qu'il s'agissait de Scarlet, qui aurait donc bien été différent de Nebula et n'en était qu'à la phase conceptuelle. Ce titre aurait dû être le prochain RPG principal, un temps prévu pour une sortie au cours de l'année fiscale 2028, aux alentours d'octobre 2027, avant les reports de Shadows et la nouvelle stratégie d'Ubisoft laissant plus de temps à ses équipes. Son directeur est bien connu, à savoir Scott Philips, qui occupait ce poste sur Syndicate et Odyssey. Autant dire que les fans de ces deux jeux peuvent être déçus.

Sans trop revenir en détail sur notre article de mai dernier, il est bon de faire un point rapide sur ce que mijotent les différents studios autour de la licence, car il y a de quoi s'y perdre.

Projets officialisés

  • Codename Invictus - Ubisoft Montréal, jeu multijoueur.
  • Obsidian / Assassin's Creed Black Flag Remake - Ubisoft Singapour.
  • Assassin's Creed Codename Hexe - Ubisoft Montréal, prochain épisode principal qui ne sera pas un RPG et mettra en scène la chasse aux sorcières au 16e siècle au cœur du Saint-Empire romain germanique.
  • Assassin's Creed Jade - Tencent, jeu mobile en Chine vers 215 BCE (en pause ou annulé ?).

Projets en rumeur

  • Nebula - Ubisoft Sofia, une aventure se déroulant en Inde, dans l'Empire aztèque et en Méditerranée.
  • Stardust - Un 2e remake.
  • Emerald - Un autre titre multijoueur.
  • RPG3 - Un autre épisode principal sous forme de jeu de rôle.
  • Remake3 - Un 3e remake.

La réception désastreuse de l'annonce d'Assassin's Creed Shadows

Si une telle annulation n'a rien d'inédit dans ce secteur, les raisons sont elles assez inhabituelles. Plusieurs facteurs sont évoqués, à commencer par les réactions ayant suivi la diffusion de la toute première bande-annonce d'Assassin's Creed Shadows en mai 2024. Alors que les rumeurs avaient pourtant préparé le terrain, le fait que Naoe partage la vedette avec Yasuke, un samouraï noir, a déclenché une véritable polémique alors qu'Ubisoft s'attendait à ce que cette destination de rêve qu'est le Japon suscite l'excitation auprès des joueurs. Blamé d'inclusivité forcée sous couvert de DEI et de faire un jeu « woke », Ubisoft Québec a alors été la victime d'une véritable chasse aux sorcières sur la Toile, notamment par des individus faisant leur beurre sur ce type de drama (les « grifters »), avec évidemment dans le lot des propos racistes pour ne rien arranger. Cela ne l'a pourtant pas empêché de devenir le deuxième plus gros jeu de la licence en termes de revenus de vente day one.

Comme le précise Stephen Totilo, cela a conduit l'éditeur a ajouté en juin 2025 le risque de « bashing » envers la société, défini par les différents points suivants :

  • Des campagnes massives, parfois virulentes et organisées de critiques contre les produits, équipes ou déclarations publiques ;
  • La perte de confiance des joueurs ;
  • L'augmentation des coûts liés à la gestion de crise, à la modération de contenu ou à la refonte d'éléments de jeu litigieux.

Alors que la société traverse une période « difficile » d'un point de vue financier et a notamment décidé de changer son organisation en créant un système de « Maisons de création », avec pour commencer les Studios Vantage gérant la marque Assassin's Creed, ces soucis rendent Ubisoft bien plus frileux à l'idée d'un tel projet.

Un pays trop instable

Assassin's Creed Scarlet avait donc passé une phase initiale avec l'approbation de la direction à Paris, celle-là même qui a donc décidé de tout annuler en juillet 2024. L'autre raison invoquée est qu'à l'époque, le climat politique aux États-Unis devenait tendu et ce jeu aurait alors été « trop politique dans un pays trop instable ». C'est surtout ce facteur qui aurait pesé dans la balance. De plus, l'annonce en interne serait tombée quelques jours seulement après la tentative d'assassinat sur Donald Trump en Pennsylvanie durant sa campagne, mais aurait été prise un peu avant. Compte tenu de l'état actuel du pays, les décisionnaires ne doivent pas tellement regretter leur choix.

Cette annulation aurait été prise comme une véritable déception, puisque de nombreux développeurs avaient des ambitions créatives et étaient excités de proposer un jeu potentiellement capable d'avoir un impact social positif, mais n'ont donc pas été soutenus par l'exécutif, qui préfère rester sur un statu quo politique et ne pas prendre position. Cela explique le discours d'Yves Guillemot en septembre 2024, qui évoquait le fait d'être « une entreprise axée sur le divertissement » et ne pas « promouvoir un agenda spécifique ». Mais depuis quand dénoncer le racisme est-il sujet à controverse ?

Un manque de courage ?

Les réactions des joueurs ne se sont pas fait attendre. Sur différentes plateformes, nous avons pu constater que beaucoup auraient pourtant apprécié un tel contexte historique, qualifiant l'éditeur de « lâche » et pointant du doigt qu'éliminer des membres du Ku Klux Klan n'a rien de rien de problématique, bien au contraire. Ils ont souligné que Red Dead Redemption 2 (fin 19e, début 20e siècle) l'a bien fait, de même que Mafia 3 (années 1960) avec son groupe suprématiste fictif qu'est Southern Union, basé sur le KKK. Au cinéma, nous y avons d'ailleurs eu droit cette année dans une moindre mesure avec l'excellent Sinners de Ryan Coogler (Prohibition, début des années 1930). Certains auraient même aimé pouvoir se la jouer Django Unchained, dont l'époque est d'ailleurs plus proche (1858).

Pour autant, tous ne voient pas cela comme un mal et pensent que l'écriture des jeux d'Ubisoft Québec n'aurait pas été à la hauteur pour dépeindre avec justesse cette époque, voire plus généralement celle des jeux de l'éditeur. Far Cry 5 est par exemple pointé du doigt pour ne pas avoir poussé assez fort sa critique du fondamentalisme religieux. La dimension RPG du projet en inquiétait d'autres pour une telle époque.

Rappelons qu'en 2012, nous incarnions Ratonhnhaké:ton (Connor) dans AC3, en partie natif américain, et que l'année d'après, Ubisoft Québec proposait le DLC Le Prix de la Liberté pour Black Flag, depuis devenu un standalone, qui traitait justement de l'esclavagisme en nous faisant incarner Adéwalé dans la colonie négrière française de Saint-Domingue.

Même si pour le moment rien n'indique qu'un tel projet puisse être remis en route, nous ne pouvons qu'espérer que le climat politique s'apaise à l'avenir et que de telles idées soient jugées viables, même si cela n'en prend pas vraiment la direction...

Actuellement, Assassin's Creed Shadows est vendu 59,99 € chez Leclerc et sur Amazon sur consoles et 62,99 € chez Gamesplanet sur PC.

redacteur vignetteAlexandre SAMSON (Omega Law)
Rédacteur
Accro à Assassin's Creed et Destiny, grand amateur de RPG et passionné d'expériences vidéoludiques en général. Lecteur de comics (DC) et de divers mangas (One Piece !). Chimiste de formation et Whovian dans l'âme.
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Commenter 1 commentaire

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Zek
Tous les ingrédients pour faire imploser les réseaux sociaux... dommage, Ubisoft nous prive d'un drama au potentiel destructeur.

Shadows à côté, c'est du pipi de chat. :mrgreen:
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