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CRITIQUE The Creator : de la science-fiction originale et généreuse sans les émotions

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Le nouveau film de Gareth Edwards est désormais visible dans les salles de cinéma en France. Clairement imparfait, il risque de diviser les fans de SF et de blockbusters.

De quoi accrocher ?

Ni franchise ni roman. Pour son nouveau film après MonstersGodzilla et Rogue One, Gareth Edwards a co-écrit un scénario de science-fiction original avec Chris Weitz, son acolyte du projet Star Wars. De sortie en salles cette semaine, The Creator arrive-t-il à se hisser parmi les monuments du genre ?

Ses décors sud-asiatiques rares dans la science-fiction donnent cependant au périple une ambiance particulière et très appréciable.

The Creator pic 1Le long-métrage nous plonge directement dans un futur où des androîdes à l'apparence crédible mais aux cavités auriculaires reconnaissables, guidés l'intelligence artificielle, cohabitent avec les humains, allant même jusqu'à créer des relations sensorielles et charnelles avec eux. Mais tout va changer en 2055 : une bombe nucléaire a été larguée par une IA sur Los Angeles, rompant totalement la confiance de l'Occident envers ces technologies, et provoquant leur extermination d'une bonne partie du globe. La Nouvelle-Asie va cependant lutter pour conserver et défendre ses androïdes, amenant l'Ouest et spécialement les États-Unis à intervenir sur place pour éliminer les robots et leur mythique et secret créateur.

2065 : l'agent spécial Joshua (John David Washington), infiltré en Nouvelle-Asie, va voir sa couverture levée suite à une opération ratée qui va changer sa vie. 2070 : Joshua est rappelé sur le terrain pour pourchasser The Creator, alors que celui-ci développerait une arme appelée Alpha Omega, capable de détruire la super-arme étasunienne volante Nomad et faire pencher à jamais la balance martial dans le camp des machines. Une mission dans laquelle il espère aussi trouver des réponses personnelles.

Malgré ses prémices et son allure de space opera opulent, The Creator est avant tout un film de science-fiction humaniste, qui met en valeur les populations et leurs sentiments. Il n'est jamais aussi fort que quand il nous parle d'acceptation de l'étranger et de l'union de peuples loin d'être si différents que cela. Et il s'avère très intéressant avec un discours jusqu'au-boutiste sur le futur technologique de notre civilisation, finalement plutôt rare au cinéma, même si l'absence de prise en compte des enjeux écologiques actuels empêche de vraiment se projeter.

The Creator pic 2Bien que la plupart des rebondissements soient prévisibles (et que la bande-annonce en révèle déjà trop...), le fil rouge autour du créateur suffit à tenir en haleine pendant une bonne partie du film. Dommage que les révélations à son sujet ne soient pas à la hauteur du suspens, tant dans leur nature que leur portée, et que le dernier arc tourné vers l'action et la tension manque de rythme, avec des scènes parfois étrangement étirées. D'ailleurs, même si le long-métrage fait tout pour créer un lien entre le spectateur et machines, en dehors forcément de l'attachante Alphie, nous n'avons pas réussi à franchir le pas. Peut-être en raison d'un casting plat et peu bouleversant, ou de certains vides narratifs qui n'aident pas à saisir l'essence des origines, relations et émotions de certains. En dehors de 2 mélodies connues, aucune composition originale ne nous a d'ailleurs marqués, il y avait probablement également un travail plus poussé à faire de ce côté-là.

The Creator peut dans tous les cas compter sur sa plastique. Gareth Edwards a décidément sa patte lorsqu'il s'agit de filmer des batailles, à la fois épique et qui prennent leurs temps, mais il manque pourtant un petit quelque chose pour rendre ces moments d'action mémorables. Ses décors sud-asiatiques rares dans la science-fiction donnent cependant au périple une ambiance particulière et très appréciable. Si les quelques villes sururbanisées ont déjà été vues et revues, les passages dans des rizières ou au large d'îlots montagneux dépaysent clairement. La direction artistique reste globalement très réussie, avec quelques idées originales remarquables, ce qui est déjà beaucoup en passant après des décennies de cinéma SF. Nouvel univers oblige, nous aurions forcément aimé en savoir plus sur les fondements techniques de cette civilisation robotique, ou les modalités géopolitiques de la cohabitation entre synthétiques et organiques : le film ne s'attarde pas là-dessus, parfois même au détriment de sa vraisemblance.

The Creator pic 3

Sans pour autant avoir trop de défauts marqués, The Creator ne va pas assez loin dans aucun de ses aspects : ni dans son discours évasif sur le remplacement annoncé d'une civilisation, ni dans la cohérence de son récit d'anticipation, ni dans ses instants tire-larmes. Il nous ouvre ainsi la porte pour nous projeter dans un monde de science-fiction dans lequel nous n'avons pas pleinement réussi à rentrer, certes touchant, prenant et esthétique, mais qui n'arrive pas à atteindre les ambitions qu'il semble délibérément avoir. Nous avons au final  vécu un visionnage divertissant, qui manque d'impact dans ses idées progressistes et ses scènes émotionnelles, et qui aura du mal à nous marquer longtemps après notre séance de cinéma, quand bien même nous étions parés pour.

Note : 3 étoiles sur 5

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redacteur vignetteAuxance
Rédacteur
Rédacteur préféré de ton rédacteur préféré depuis 2009, passionné de musique qui fait boom boom, adepte de séries comiques en tout genre. J'ai un peu trop joué à Pokémon dans ma vie.
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